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Le Maphaia

Le « Maphaia » (du nom du premier nata loyaltien, Mathaïa, débarqué en Calédonie) est un petit cotre de 2,5 tonnes, à la voile triangulaire, aidé d’un foc. A la course rapide, il fait la gloire des garçons qui se disputent l’honneur d’en être les matelots. Son équipage est composé de quatre garçons du bord de mer et d’un capitaine responsable. Chaque mois, il va deux fois au courrier, à l’aller et au retour, chercher les marchandises et charger des produits : café ou maïs, et parfois fruits ou légumes pour le presbytère de Nouméa. Entre temps quand les vents sont favorables il court le long des côtes à plus de 100 km chercher la chaux ou la nourriture que préparent les tribus pour Do Neva. S’il y a gros temps, ils se réfugient dans une baie ; si le vent tombe, ils prennent les avirons. Mais ils sont toujours pressés de regagner le port, qui est devenu pour eux leur nouvelle patrie. Tel qu’on le voit, le Maphaia est paré pour le départ. L’équipage fait le tour de Guilgal pour dire adieu et prendre les commissions éventuelles qu’on leur donne pour les tribus qu’ils visiteront. Leur retour sera une fête et leurs yeux porteront la trace du lointain parcours.

Paul-Émile Pasteur, Carnet de légendes, N° 37. « Do Neva – Maphaia paré »

Pour se rendre de Nouméa à Do Neva, station missionnaire à l’intérieur de l’île (250 km à vol d’oiseau), deux moyens sont au choix : route de terre et route de mer. Par terre, un service d’autobus quotidien relie Nouméa à Bourail, petite agglomération coloniale à 300 km sur la côte ouest. Départs des deux extrémités à 6 heures du matin, arrêt d’une heure à mi-chemin pour casser la croûte et faire le plein d’essence, arrivée à 3 heures s’il n’y a pas eu de panne. Route de montagne, accidentée et pittoresque, construite par les bagnards il y a plus de trente ans, et parfaitement entretenue. Puis à cheval, au travers de la chaîne montagneuse, pour gagner la côte est, huit heures de marche avec ou sans arrêt dans une tribu du centre. Par mer, un service régulier mensuel du tour de côte nous amène en deux jours à Houaïlou, à l’embouchure de la rivière du même nom. De là à Do Neva, il ne reste que deux heures de navigation fluviale à bord du petit cotre missionnaire de 2,5 tonnes, appelé « Maphaia ». Maphaia (Mathaïa) est le premier messager noir qui, en pirogue, vint des îles Loyautés apporter la parole de lumière dans le pays des ténèbres.

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